Présents : Aline, Blandine, Dominique, Jean-René, Lysiane, Marion

Excusés : Annie, Jean-Pierre, Monique

I. La lecture commune : les romans de Robert Merle

Robert Merle est né le 29 août 1908 en Algérie, dans une famille de colons. Il meurt en 2004 dans sa maison des Yvelines. Titulaire d’une licence de philo, puis agrégé d’anglais (thèse de doctorat sur Oscar Wilde). Mobilisé en 1939, il est agent de liaison avec les forces britanniques. En 1944, il est maître de conférences d’anglais à l’université de Rennes, puis professeur.

Membre du Parti communiste de 1977 à 1979, il le quitte après avoir critiqué l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique.

Un article du Monde le qualifie, au moment de sa mort, de « plus grand romancier de littérature populaire en France ».

Anne Wattel, qui a consacré sa thèse à l’œuvre de Robert Merle, dit de lui qu’il est « un écrivain singulier du propre de l’homme ».

Sa carrière littéraire débute avec Week-end à Zuydcoote, roman qui obtient le prix Goncourt en 1949. Elle se terminera avec la grande saga historique « Fortune de France ». Entre les deux, une bonne dizaine d’autres romans, mais aussi nombre d’essais, de pièces de théâtre, de romans historiques, de traductions… Robert Merle est un écrivain éclectique, difficile à définir.

Les livres lus 

 – L’Île (1962). Cet ouvrage a été inspiré par l’histoire vraie des révoltés du Bounty : un groupe de mutins de la marine anglaise se réfugie sur une île et tente d’y organiser une société avec des Tahitiens (hommes et femmes) qu’ils ont embarqués avec eux. Un livre apprécié qui pose la question : comment faire société ? et détaille les relations entre Anglais et Tahitiens, entre hommes et femmes. Un grande attention est accordée à la psychologie des personnages, aux relations humaines complexes. Une belle écriture, un style agréable à lire.

  Il reste aujourd’hui, sur cette île de Pitcairn dans l’océan Pacifique, des descendants des révoltés du Bounty.

  Cet ouvrage a reçu le Prix de la Fraternité (1962).

Malevil (1972). Des rescapés d’un guerre nucléaire tentent de survivre en société dans un grand domaine.

Le jour ne se lève pas pour nous (1986). Un récit-reportage sur la vie dans un sous-marin nucléaire en mission, L’Inflexible. Intéressant. Robert Merle possède un vrai talent de conteur, il est nuancé dans ses prises de position, sans manichéisme.

Week-end à Zuydcoote (1949). En mai-juin 1940, un soldat français tente d’embarquer avec les troupes anglaises pour rejoindre l’Angleterre ; d’après l’expérience vécue de l’auteur. Adaptation cinématographique d’Henri Verneuil en 1964, avec Jean-Paul Belmondo.

  Cet ouvrage a reçu le prix Goncourt en 1949.

– La saga historique « Fortune de France », en 13 tomes. Très documenté, l’ensemble se déroule de 1547 à 1661. On y suit un personnage humaniste, Pierre de Siorac, qui aimerait que les gens vivent « en bonne société ». Le style vieux français est un peu difficile à suivre. Cette série nous a moins intéressés dans l’ensemble.

Conclusion : Robert Merle a un vrai talent de conteur et un style agréable à lire. Il fait preuve de beaucoup de finesse dans la description psychologique de ses personnages.

II. Les Coups de cœur

L’Usure d’un monde de François-Henri Désérable (Gallimard, 2023). Fin 2022, au moment des grandes manifestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, l’auteur séjourne quarante jours en Iran. Il en revient avec ce récit dans lequel il fait état de l’usure de cette République islamique aux abois qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.

La Sentence de Louise Erdrich (Albin Michel, 2023 ; Prix Femina étranger). Immense talent de conteuse de cette romancière américaine dans ce roman qui se confronte aux fantômes des Etats-Unis : le racisme et l’intolérance. Louise Erdrich s’était vu décerner le Prix Pulitzer en 2021 pour son ouvrage Celui qui veille. Et citons un autre ouvrage de la même autrice : Dans le silence du vent.

Eden de l’autrice islandaise Auđur Ava Ólafsdóttir (Zulma, 2023). « Une lecture pour se remonter le moral tout en douceur. » Il est question de jardinage, de poésie, de la langue islandaise, d’amour… Un grand plaisir de lecture, beaucoup d’humanisme et un certain humour décalé.

Autre livre de la même autrice : Rosa candida.

Mise à feu de la chanteuse Clara Ysé (Grasset, 2021 ; Prix de la vocation 2021). Un roman d’initiation et d’aventure. Une ode à la liberté, à l’adolescence, à la tendresse et à l’amitié. Beaucoup d’émotion et une grande puissance d’évocation poétique et musicale.

 

III. Petit ajout au compte rendu de notre réunion de décmbre 2023

 

Nous avons lu Misericordia de Lydia Jorge, écrivaine portugaise de la période « post-révolutionnaire » qui fait suite à la Révolution des œillets et à la chute de la dictature de Salazar dont on fêtera les 50 ans le 25 avril prochain. Lydia Jorge, qui a été professeure dans le secondaire, a aussi passé plusieurs années en Angola et au Mozambique au temps des guerres coloniales.

Son ouvrage, Misericordia, a obtenu le prix Médicis étranger en 2023. “Une vieille dame enregistre sur un magnétophone le journal d’une année de vie en maison de retraite. Sa fille, Lydia Jorge, retranscrit les textes et en fait un livre. Ce récit est un condensé incroyable de force vitale, de dérision, d’imagination, de révolte et de foi dans la vie. Et un témoignage mémorable de la relation mère-fille.”

Le livre nous a séduits : “C’est un récit à la fois brutal, ironique et aimable, un mélange de larmes et de rires qu’on n’oublie pas.” Un vrai coup de cœur.

Autres livres de la même autrice :

– Le Rivage des murmures (1989)

– La Dernière Femme (1992)

– La nuit des femmes qui chantent (2012)

– Estuaire (2019)

Tous ces ouvrages sont publiés, en France, aux éditions Métailié.

Le prochain auteur en lecture commune sera Italo Calvino.

La prochaine réunion aura lieu (finalement !)

le Jeudi 15 février à 18 h au Café-Bibliothèque de Chabrillan

                                                                                               Bonnes lectures

                                                                                                          Bien amicalement,

                                                                                                                                  Marion